Introduction

Salaam aleekhum ! Bienvenue ! Ce lexique explique les mots de l’arabe dialectal du Tchad. Nous espérons que cette introduction vous aidera à mieux le comprendre et l’utiliser.

Principes fondamentaux de la langue arabe du Tchad

  1. La langue arabe du Tchad est importante au Tchad
    La langue arabe du Tchad est une langue très importante au Tchad. Elle est parlée comme langue maternelle par plus de 10% de la population. De plus, elle est comprise par un grand nombre de Tchadiens qui ont d’autres langues maternelles. Aujourd’hui, l’arabe tchadien est compris par plus que la moitié de la population du Tchad.
  2. La langue arabe du Tchad est une langue arabe
    Historiquement, l’arabe tchadien est dérivé de l’arabe littéraire. La langue arabe du Tchad est donc une vraie langue arabe dont la grammaire, la phonologie, et le lexique ressemblent à l’arabe littéraire.
  3. La langue arabe du Tchad est spécifiquement tchadienne
    Avec le temps, l’arabe du Tchad est devenu spécifiquement tchadien. Il y a des différences en prononciation et en grammaire par rapport à l’arabe littéraire. La langue a emprunté des mots et certains sons aux langues avoisinantes. Mais l’arabe du Tchad n’est pas une déformation appauvrie de l’arabe littéraire. C’est une langue riche en vocabulaire et sa littérature orale est vaste.
  4. L’arabe du Tchad peut être standardisé
    C’est vrai qu’il y a une grande diversité dans les parlers des différentes régions du Tchad. Mais ces différences sont surtout dans la prononciation et elles sont peu nombreuses si on les compare aux similitudes. Une langue de ce type peut être standardisée à l’écrit.
  5. Cette langue est écrite en deux alphabets différents
    Le Tchad est un pays bilingue avec deux langues officielles, le français et l’arabe littéraire. Ainsi, l’arabe tchadien est écrit dans ces deux alphabets : les lettres sémitiques (arabes) et les lettres latines (françaises). Ceci permet à chaque personne alphabétisée de lire l’arabe tchadien dans l’alphabet et avec les lettres qu’elle préfère.
  6. L’orthographe facilite la transition vers une langue officielle
    L’arabe du Tchad écrit en lettres sémitiques reflète la prononciation tchadienne, mais permet une transition facile vers l’arabe littéraire. De même, l’arabe tchadien écrit en lettres latines aide le lecteur à faire la transition vers le français. De cette façon, les Tchadiens alphabétisés d’abord dans la langue locale peuvent, dans un deuxième temps, accéder au vaste monde de la littérature en l’arabe littéraire ou en français.

La transcription de l’arabe tchadien

  1. Les lettres qui existent en l’arabe tchadien mais pas en français
    L’arabe tchadien écrit en lettres latines utilise deux lettres qui ne se trouvent pas en français. Il s’agit de kh et .
    Exemples de kh / Kh:
    motdéfinition
    khazaalagazelle
    khallamil
    khabarinformation
    khidimetravail
    khiyaatecouture
    Le son kh est produit à l’arrière de la bouche, dans la région avant la luette. Cette lettre est la transcription des lettres arabes : خ غ Exemples de ʼ:
    motdéfinition
    naʼaamautruche
    gaaʼidêtre là
    naʼaalsandale
    naʼarifje sais
    gaʼʼadhéberger
    La lettre ʼ est prononcée par une coupure du son au niveau de la gorge pendant la prononciation du mot. Cette lettre est la transcription des lettres arabes : ع ء

  2. Les lettres prononcées différemment que le français
    Certaines lettres de l’arabe tchadien existent aussi en français mais ne sont pas prononcées de la même manière. Il s’agit des lettres g, j, h, et u. Exemples de g / G:
    motdéfinition
    guruuncorne
    gechchpaille
    girgiitgros
    guffapanier
    guhhatoux
    La lettre g est toujours prononcée de la même façon, que ce soit avant e et i ou avant a, o, u. Il n’est donc pas nécessaire d’écrire gu avant e et i. Ce son est la transcription de la lettre arabe : ق
    Exemples : Ecrivez gelbi et non guelbi (mon coeur)
    Ecrivez girbe et non guirbe (outre en peau)
    Exemples de j / J:
    motdéfinition
    jamalchameau
    jadiidneuf
    jidaadepoule
    juwaadcheval
    jahalignorance
    Le j en arabe tchadien correspond à dj en français.
    Exemples : Ecrivez jambah et non djambah (à côté de lui)
    Ecrivez juuʼ et non djuuʼ (faim)
    Ecrivez Jibriin et non Djibrine
    Exemples de h / H:
    motdéfinition
    humaarâne
    hatabfagot
    habilcorde
    hillevillage
    huutpoisson
    haamichaud
    La lettre h correspond au h aspiré du français, elle n’est pas muette mais elle est prononcée dans la gorge. Cette lettre est la transcription des lettres arabes : ح ه Exemples de u / U:
    motdéfinition
    usbaʼdoigt
    usumnom
    umurâge
    ummacommunauté
    La lettre u en arabe tchadien correspond à ou en français.
    Exemples : Ecrivez juwaad et non jouwaad (cheval)
    Ecrivez guffa et non gouffa (panier)
    Ecrivez suug et non soug (marché)

  3. L’ordre alphabétique
    L’ordre alphabétique dans ce lexique suit l’ordre de l’alphabet français et non l’ordre typique de l’arabe. L’ordre est le suivant :

    a, b, ch, d, e, f, g, h, i, j, k, kh, l, m, n, o, p, r, s, t, tch, u, w, y, z, ʼ


  4. La correspondance entre les deux alphabets
    L’alphabet arabe a plus de lettres, et plus de distinctions de sons, que l’alphabet français. Pour cette raison, plusieurs lettres latines représentent plus d’une lettre sémitique. La correspondance entre les deux alphabets est la suivante :
    Lettres de l’alphabet arabe tchadien
    Lettres latinesÉquivalents en lettres arabes
    aا  أَ  آ  عَـ
    bب
    chش
    dد  ض
    eـَيْ  عَـ
    fف
    gق
    hح  ه
    iإِ  ـِـي  عِـ
    jج
    kك
    khخ  غ
    lل
    mم
    nن
    oـَوْ  عُـ
    pپ
    rر
    sس  ص  ث
    tت  ط
    tchتش
    uأُ  ـُو  عُـ
    wو
    yي
    zز  ذ  ظ
    ʼع  ء

Les catégories grammaticales

  1. Les abréviations
    Dans chaque entrée de ce lexique, le mot apparait d’abord en alphabet latin suivi du même mot en alphabet sémitique. Après cela vient l’abréviation de la catégorie grammaticale du mot, suivie par le sens en français.

    junuub جُوُوبْ n.m. sud

    Les abréviations des catégories grammaticales dans ce livre sont :
    abréviationdescription
    adj.adjectif
    adv.adverbe
    art.article
    conj.conjonction
    dl.duel
    expr.expression
    f.féminin
    impr.impératif
    inacc.inaccompli
    interg.interrogatif
    interj.interjection
    n.nom
    n.coll.nom collectif
    n.coll.f.nom collectif féminin
    n.f.nom féminin
    n.m.nom masculin
    n.pl.nom pluriel
    neg.négatif
    num.numéral
    part. interg.marque de question
    part. prs.participe présent
    prép.préposition
    pl.pluriel
    pron.pronom
    sg.singulier
    var.variante
    v.i.verbe intransitif
    v.tr.verbe transitif

  2. Les noms
    Les noms en arabe peuvent être masculin (n.m) ou féminin (n.f). La plupart des noms ont une forme pour le singulier (sg) et une pour le pluriel (pl). La forme au singulier est donnée en premier, suivie par la forme au pluriel entre parenthèses.

    birich بِرِشْ (pl. buruuch بُرُوشْ) n.m. natte

    La forme au pluriel n’est pas une entrée dans le lexique, c’est-à-dire que vous n’allez pas trouvé le mot buruuch en tant qu’entrée, mais qu’il est associé avec sa forme de base, la forme au masculin singulier, birich. Pour trouver le sens d’un mot au pluriel, il faut penser à la forme au singulier et puis chercher le mot au singulier dans le lexique. La forme au singulier aura les mêmes consonnes mais des voyelles différentes de la forme au pluriel. Parfois, un nom a plusieurs formes au pluriel. Dans ce cas, chaque forme au pluriel est indiquée par l’abréviation (pl). Par exemple, le mot alif, qui veut dire mille, a deux pluriels – aalaaf et uluuf.

    alif أَلِفْ (dl. alfeen أَلْفَيْن / pl. aalaaf آلَافْ  / pl. uluuf أُلُوفْ) num. mille

    Il existe une forme en arabe qui s’appelle le duel ; cette forme est indiquée avec l’abréviation (dl). Le duel, qui termine par le suffixe -een, indique qu’il y a deux du concept en question. Par exemple, le duel de alif (mille) est alfeen (deux mille). Il existe aussi un groupe de noms qui s’appelle les noms collectifs. Ces noms indiquent un groupe, par exemple l’ensemble d’une espèce animale (exemple - bagar) ou végétale (chadar) ou des personnes qui exercent le même métier (haddaad). Ces noms collectifs ont un nom d’unité, un singulatif qui indique un seul membre de ce groupe. Le singulatif, qui se termine par le suffixe -aay ou –a, est indiqué dans ce lexique par l’abréviation (sg).

    khanam غَنَمْ (sg. khanamaay غَنَمَايْ) n.coll. moutons, chèvres


  3. Les adjectifs
    Les adjectifs en arabe ont plusieurs formes : masculin, féminin (f.), masculin pluriel (pl.) et féminin pluriel (f.pl). L’adjectif est d’abord donné dans la forme de base au masculin singulier, suivi par les autres formes entre parenthèses.

    daluul ضَلُولْ (f. daluula ضَلُولَةْ / pl. daluuliin ضَلُولِينْ / f.pl. daluulaat ضَلُولَاتْ) adj. doux

    Les formes au féminin, au pluriel et au féminin pluriel ne sont pas des entrées dans ce lexique. Pour trouver le sens de ces mots, il suffit d’enlever le suffixe pour retrouver la forme de base (le masculin singulier) que vous pouvez ensuite chercher dans le lexique.
    Catégorie grammaticaleSuffixe à enleverExempleForme de base (m.sg.)
    Féminin (f.)-e, -adaluuladaluul
    Masc. pluriel (pl.)-iinadiiliinadiil
    Fém. pluriel (f.pl)-aatwaahidaatwaahid
    La forme au féminin pluriel n’est pas très courante en arabe tchadien et n’est pas donnée systématiquement dans ce lexique. Parfois, les formes se limitent au masculin, féminin (f), et pluriel (pl).

    adiil1 عَدِيلْ (f. adiile عَدِيلَةْ / pl. adiiliin عَدِيلِينْ) adj. bon


  4. Les verbes
    Le verbe en arabe a deux aspects qui s’appellent l’accompli et l’inaccompli. L’aspect accompli indique que l’action est terminée. L’accompli est la forme de base et il se trouve au début de l’entrée dans le lexique. L’accompli est écrit en lettres latines, suivi par la même forme en lettres sémitiques.

    katab كَتَبْ (inacc. yaktib يَكْتِبْ) v.tr. écrire

    La forme de base est la 3e personne masculin singulier, katab par exemple. Or, l’accompli a plusieurs formes en fonction de la personne. Voici la conjugaison à l’accompli pour le verbe katab :
    PronomVerbe conjugué
    1 sganakatabt
    2 masc sgintakatabt
    2 fem sgintikatabti
    3 masc sghukatab
    3 fem sghikatabat
    1 planiinakatabna
    2 masc pl intukatabtu
    2 fem plintankatabtan
    3 masc plhummankatabo
    3 fem plhinnakataban
    Pour conjuguer le verbe à l’accompli, on ajoute les suffixes à la forme de base ; ces suffixes sont indiqués en italiques dans le tableau ci-dessus. Ils sont -t, -ti, -at, -na, -tu, -tan, -o, et -an. Pour trouver un verbe dans le lexique, il faut d’abord enlever les suffixes et retrouver la forme de base, la forme à la 3e personne au masculin singulier, qui n’a pas de suffixe. Le deuxième aspect s’appelle l’inaccompli et il indique que l’action du verbe n’est pas encore terminée. Dans le lexique, l’inaccompli est aussi donné à la forme de la 3e personne au masculin singulier. Il suit l’accompli et se trouve entre parenthèses, marqué par l’abréviation (inacc.). Voir l’exemple yaktib dans l’entrée katab ci-dessus. L’inaccompli a les mêmes consonnes que l’accompli, mais avec un préfixe, des voyelles parfois différentes, et souvent un suffixe. Pour trouver le sens d’un verbe à l’inaccompli, vous devez enlever le préfixe et le suffixe et penser au verbe à la forme de base, c’est-à-dire à l’accompli conjugué pour la 3e personne masculin singulier. Une fois que vous avez retrouvé la forme de base, vous pouvez la chercher dans le lexique pour ensuite trouver le sens. Par exemple :
    Verbes à l’inaccompliPréfixe à enleverSuffixe à enleverForme de base (verbe à l’accompli)
    yaktubuya--ukatab
    tamchita--imacha
    nacharbona--ochirib

Le sens

  1. La glose en français
    Le sens donné dans ce lexique n’est qu’une glose. Le sens est donné avec un ou deux mots plutôt que toute une définition, ceci afin de rendre le lexique plus court et moins cher. Si vous cherchez un sens plus exact, nous vous recommandons de consulter le Dictionnaire arabe tchadien – français par Patrice Jullien de Pommerol, publié en 1999 par Karthala.

  2. Des homographes – les mots différents qui ont la même orthographe
    L’arabe tchadien a des homographes, c’est-à-dire des mots qui s’écrivent de la même façon mais qui n’ont pas le même sens. Par exemple, le nom ajab veut dire miracle mais le verbe ajab explique que quelque chose plait à quelqu’un. Chaque entrée a un petit nombre (1 ou 2 ou même 3) qui suit la forme de base pour indiquer que ceux ne sont pas les mêmes mots, même s’ils ont la même orthographe.

    ajab1 عَجَبْ (pl. ajaayib عَجَايِبْ) n.m. miracle

    ajab2 عَجَبْ (inacc. yaʼajib يَعَجِبْ) v.tr. plaire


  3. Des mots avec plusieurs sens
    Il existe aussi des mots qui ont plusieurs sens apparentés. Il ne s’agit pas de mots différents, mais un seul mot qui peut indiquer plusieurs choses légèrement différentes. Par exemple, le mot ibre peut avoir le sens d’une aiguille avec laquelle on coud des habits, mais le même mot peut avoir le sens d’une injection ou une vaccination. Ces deux sens sont indiqués avec les chiffres 1 et 2 dans la même entrée du lexique.

    ibre إِبْرَةْ (pl. ibar إِبَرْ) n.f. 1) aiguille 2) injection, vaccination

Autres ressources

Il existe beaucoup de livres en arabe tchadien ! Voici plusieurs lieux où vous pouvez les trouver.